Quel est le rôle du DAF en période de crise ? Un levier clé pour la gestion financière de l’entreprise

Les nombreuses crises et le contexte inflationniste ont eu un impact significatif sur l’activité des TPE-PME et sur leur trésorerie. La situation est loin de s’améliorer, puisqu’en 2025, 25 % des dirigeants prévoient une nouvelle baisse de leur activité, et ce que dans tous les secteurs d’activité (source Bpifrance Le Lab).

C’est au directeur administratif et financier que revient la lourde responsabilité de mettre en place les mesures nécessaires pour assurer la pérennité de l’entreprise. Mais quel rôle joue-t-il exactement en période de crise ? Comment peut-il sécuriser la trésorerie de l’entreprise ?

Référence DAF vous explique tout.

Quel est le rôle du DAF en période de crise ?

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Le DAF est le garant de la bonne gestion administrative et financière, permettant de maintenir la rentabilité de l’entreprise et d’assurer sa pérennité.

En période de crise, le rôle du directeur financier va bien au-delà de sa simple fonction financière. De nombreux défis attendent l’entreprise et le directeur administratif et financier joue un rôle clé dans la gestion de crise. Un rôle stratégique à la fois dans le pilotage des indicateurs financiers clés, et dans celui de la performance de l’entreprise.

L’une des principales missions est de sécuriser la trésorerie et de gérer le risque financier. Le DAF doit alors réaliser une analyse sur les différents risques portant sur les clients, les fournisseurs ou encore les partenaires mais surtout, il doit être proactif dans sa démarche. Il doit anticiper les risques financiers avec la mise en place de mesures préventives avec l’insertion de clause dans les contrats protégeant l’entreprise en cas de défaillance d’un partenaire, ou encore en diversifiant les sources d’approvisionnement pour réduire la dépendance de l’entreprise par exemple.

Rassurer les partenaires financiers, trouver des solutions de financement, gérer les flux de trésorerie sont autant de missions de transition qui incombent au directeur administratif et financier, et qui permettront à l’entreprise de surmonter la crise.

Avec son rôle à la fois de directeur financier et son rôle stratégique, le DAF va s’imposer comme un allié de taille dans la prise de décision.

Pour mieux comprendre en quoi la fonction finance structure l’ensemble de l’organisation, consultez notre article sur 👉  le rôle stratégique de la direction financière

Comment le DAF peut sécuriser la trésorerie et guider l’entreprise en temps de crise ? 

Le déficit de trésorerie est l’un des principaux problèmes en période de crise. D’après la 80ᵉ enquête de conjoncture sur la situation des TPE-PME à fin 2024, de Bpifrance Le Lab, 27 % des PME jugent leur trésorerie difficile et 14 % ont signalé des difficultés à financer leur trésorerie.

Avec l’inflation, le coût des matières premières, et le coût de l’énergie qui augmentent, il devient compliqué pour les entreprises de maintenir un niveau de liquidité suffisant pour assurer leurs obligations financières (paiement des salaires, fournisseurs, impôts, etc.) et les dépenses courantes. En 2024, 66 500 entreprises (dont 5 265 PME et ETI) ont été désignées défaillantes, soit 28 % de plus qu’en 2019, selon l’Observatoire BPCE. Cette augmentation s’explique notamment par le coût du financement élevé depuis mi-2023 et la hausse des taux qui a réduit considérablement la rentabilité des entreprises.

 

Anticiper la gestion de la trésorerie pour se protéger de la crise.

L’une des principales missions du DAF est alors d’optimiser la gestion de trésorerie et plus précisément les flux de trésorerie. En effet, le DAF doit comprendre les flux, savoir reconnaître les zones de risques et mettre en place les stratégies nécessaires pour assurer à l’entreprise de disposer suffisamment de liquidité.

Les deux principaux risques reposent sur les encaissements (le paiement des factures clients) et les dépenses (optimisation des coûts). Concernant les encaissements, le DAF doit mettre en place une gestion fine du suivi des factures, la relance des clients doit être systématique, avec la mise en place d’actions concrètes en fonction du nombre de jours de retard (appels téléphoniques, mise en demeure, etc.). Le moindre retard de paiement, avec le risque accru d’impayés que cela représente, peut impacter fortement la situation financière de l’entreprise.

D’où l’importance d’anticiper et de rechercher des solutions de financement externes (prêts, émissions de titres sur les marchés financiers, etc.).

Il ne faut pas oublier que la crise impacte toutes les entreprises, parmi lesquelles se trouvent nécessairement vos clients, vos fournisseurs. À leur tour, ils vont chercher à jouer sur les délais de paiement pour gérer au mieux leurs liquidités en fonction de leurs priorités.

Afin de sécuriser la trésorerie, le DAF doit chercher à optimiser les coûts, sans nuire à la croissance et à la performance de l’entreprise.

Si cette thématique vous intéresse, découvrez nos bonnes pratiques de pilotage de trésorerie à court et moyen terme. 👉 Comment optimiser la gestion de trésorerie de sa PME ? 

Optimiser les coûts sans freiner la croissance

L’optimisation de la gestion des flux de trésorerie, passe inévitablement par la surveillance des dépenses, à savoir la manière de les limiter dans le temps et en volume.

Pour définir une stratégie efficace de réduction des coûts, il est indispensable d’identifier les coûts les plus importants (coûts d’exploitation par exemple) et ceux en revanche qui ne sont pas nécessaires. Le but étant d’optimiser la gestion des ressources, en supprimant les postes de dépenses superflus, tout préservant les investissements clés pour l’avenir.

Le DAF est un acteur stratégique dans la gestion des coûts. Son rôle ne se limite pas uniquement à la surveillance de la trésorerie. Il doit désormais savoir anticiper et mettre en place les mesures nécessaires, le tout sans affecter la performance de l’entreprise. D’où l’importance, de la mise en place d’outils de contrôle de gestion performants (solution ERP Cloud, solution EPM) permettant certes la digitalisation des processus, mais surtout de pouvoir disposer d’informations pertinentes pour prendre les meilleures décisions (optimisation des achats, renégociation des contrats fournisseurs, etc.), pour optimiser les coûts.

C’est en s’appuyant sur une gestion financière rigoureuse, avec un suivi précis du budget, et une approche stratégique du contrôle de gestion, que le DAF pourra optimiser les coûts, sans compromettre l’innovation et la croissance de l’entreprise.

 

​Rechercher et sécuriser des financements adaptés

En période de crise, les solutions de financements classiques, à savoir le prêt bancaire ou l’affacturage, peuvent s’avérer insuffisante pour assurer un certain niveau de liquidité. Le DAF doit alors chercher d’autres alternatives. Il est important, dans ce contexte, d’anticiper, cela reste, en effet, compliqué d’obtenir des fonds en cas d’urgence.

Parmi les solutions de financement diversifiées, le DAF peut choisir entre deux types de financements :

  • les financements dilutifs : ce sont ceux qui vont nécessiter l’entrée d’investisseurs externes (personnes physiques ou morales) au capital de votre entreprise, en échange de leur apport financier (business angels, fonds d’investissements, crowdfunding, etc.) ;
  • les financements non-dilutifs : alternative pour obtenir des fonds sans céder des parts du capital de l’entreprise (aides et subventions, crédit d’impôt innovation (CII), crédit d’impôt recherche (CIR), revenue based financing (RBF) pour les entreprises digitales, etc.)

En période de crise, les relations que les DAF entretiennent avec leurs partenaires financiers (banques, prêteurs alternatifs) sont plus délicates. Avec l’augmentation des taux et des conditions d’accès plus strictes, le rapport de force entre le DAF et son prêteur a changé. Pour 45 % des TPE-PME, le coût du crédit reste encore un obstacle majeur à l’investissement, selon l’enquête de Bpifrance Le Lab.

Pour soutenir ses financements, gagner en maturité financière et renforcer la crédibilité de l’entreprise, le DAF peut demander une évaluation (RSE) auprès d’une agence externe.

En s’appuyant sur des critères autres que d’ordre économique, à savoir les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), l’entreprise peut montrer aux investisseurs sa capacité à assurer ses engagements à court terme. Le DAF peut ainsi demander des financements pour améliorer ces indicateurs RSE, il s’agit d’investissement socialement responsable (ISR).

Ces critères extra-financiers sont très appréciés par les investisseurs, puisque 72 %  les intègrent à présent dans leurs stratégies d’investissement, selon le rapport 2021 ESG Investor Insight de Natixis. Une fois le financement octroyé, le DAF devra alors remettre aux investisseurs plusieurs fois par an un reporting extra-financier basé sur des indicateurs clés de performance RSE.

 

Maintenir la confiance avec toutes les parties prenantes

Dans des périodes difficiles où l’entreprise est confrontée à de nombreux défis, il est essentiel de communiquer avec l’ensemble des parties prenantes. Un rôle endossé de nouveau par le DAF. En effet, c’est à lui que revient la responsabilité de maintenir la confiance à la fois des salariés, des partenaires financiers (banques, investisseurs, etc.), des fournisseurs, et aussi des clients. Et cela passe par une communication transparente, régulière et claire. Il est évident que le niveau d’information sera différent en fonction des parties prenantes.

Il se doit alors de rassurer les partenaires financiers, de leur décrire l’activité de l’entreprise, de leur expliquer ses perspectives, ainsi que les enjeux stratégiques et financiers. Toutefois, le DAF ne doit pas négliger l’importance d’impliquer les salariés dans cette gestion financière en temps de crise. Il est primordial de les sensibiliser aux enjeux financiers de l’entreprise et des mesures qui en découlent. Il ne faut pas oublier que les collaborateurs sont en première ligne, ils peuvent donc s’avérer être un atout précieux, notamment pour optimiser les coûts et contribuer à une gestion plus agile des ressources. Une communication transparente favorise l’adhésion et l’engagement collectif, indispensable pour une gestion financière efficace en temps de crise.

En travaillant en collaboration avec la direction, le directeur administratif et financier peut s’assurer de transmettre des messages cohérents et qui reflètent parfaitement l’engagement de l’entreprise à surmonter la crise.

Le DAF de transition : un atout en temps de crise 

Le DAF de transition représente une forte valeur ajoutée en temps de crise. Il va pouvoir apporter une vision stratégique et des solutions concrètes pour assurer la stabilité financière de l’entreprise.

Avec la digitalisation de la fonction financière et le déploiement d’outils performants, le DAF de transition peut collecter et analyser rapidement et efficacement un volume important de données financières, en temps réel. Les logiciels permettent, en effet, de regrouper ces données dans des tableaux de bord, pour faciliter leur interprétation, et permettre au DAF de prendre des décisions plus éclairées.

Le suivi de ces tableaux de bord est indispensable pour suivre les performances financières de l’entreprise. Cependant, cela nécessite au préalable de définir des indicateurs clés de performance, KPI. Ces derniers peuvent être nombreux et variés :

  • le coût de production ;
  • le coût des matières premières ;
  • le délai de livraison ;
  • les flux de trésorerie ;
  • les impayés clients ;
  • les ventes réalisées,etc.

Pour déterminer les données financières clés à surveiller, le DAF doit travailler en collaboration avec les différents services.

En procédant de la sorte, le DAF de transition peut réaliser des prévisions financières de manière régulière sur du court et moyen terme, anticiper les fluctuations de trésorerie, et mettre rapidement en place les mesures nécessaires en cas de besoin. Ils disposent d’informations pertinentes (fournisseurs fiables, clients avec des retards de paiement régulier, ou encore les produits/services rentables, etc.), lui permettant de prendre les bonnes décisions.

Aujourd’hui, le DAF est de plus en plus impliqué auprès de la direction générale.

Cette dernière le sollicite notamment pour anticiper les évolutions, mais également dans la prise de décision. En plus d’être un partenaire sur l’aspect financier, le DAF est devenu un partenaire stratégique, en temps de crise.